Combattre la discrimination raciale par l’équité en matière d’emploi

21 mars 2015

Combattre la discrimination raciale par l’équité en matière d’emploi

2986809843_1_3_rPpHQHFG

Le 21 mars de chaque année, le monde célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Depuis l’époque lointaine où le racisme avait été ignoré sciemment jusqu’à ce que nous prenions conscience de conséquences néfastes subies par des nombreuses personnes, le monde a fini par réaliser que la discrimination, sous toutes ses formes, est intolérable et doit non seulement être combattue par tous les moyens, mais que des progrès doivent nécessairement être faits pour promouvoir l’égalité de chances et de traitement équitable pour tous les humains.

Fondés sur une fausse croyance selon laquelle il existe une hiérarchie entre les races et groupes humains, le racisme et la discrimination raciale ont la peau dure et encore des beaux jours devant eux, si nous ne comprenions pas que c’est par l’équité en matière d’emploi que nous pouvons changer la perception que nous avons de l’autre.

En effet, l’adoption en décembre 1965 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, ratifiée à ce jour par 177 États, est une reconnaissance que la discrimination a des conséquences néfastes non seulement pour les personnes qui en sont victimes, mais également pour toute la société.

La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale nous offre l’occasion de réaffirmer notre engagement en faveur de l’édification d’un monde de justice et d’égalité, d’où la xénophobie et l’intolérance auront disparu. Nous devons tirer les leçons de l’histoire et prendre acte des ravages causés par la discrimination raciale. Propos de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies.

Comme a souligné le secrétaire général des Nations Unies, la discrimination renforce les préjugés et devient un obstacle à une coexistence pacifique et harmonieuse entre différentes personnes au sein d’une même société.

La Charte des Nations Unies est fondée sur les principes de la dignité et de l’égalité de tous les êtres humains. La Déclaration universelle des droits de l’homme proclame que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur ou d’origine nationale. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels reconnait le droit au travail, la possibilité de gagner sa vie et le droit de jouir de conditions de travail justes et favorables. Le Canada a signé et ratifié tous ces instruments internationaux qui garantissent le droit à l’égalité et la non-discrimination.

Discrimination word cloud concept. Vector illustration

Comment éliminer la discrimination au Canada?

La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale nous donne une importante occasion de réaffirmer, de réitérer, notre engagement envers l’élimination de la discrimination raciale ou ethnique, sous toutes ses formes, au Canada et ailleurs dans le monde. Propos de Stephen Harper, Premier ministre du Canada.

À mon humble avis, la meilleure manière de combattre la discrimination en générale, serait nécessairement de commencer par combattre la discrimination diffuse et ancrée dans les systèmes et les pratiques d’embauche et les inégalités de traitement en milieu du travail, ce qui représente une atteinte à la justice.

Au plan national, le droit à un traitement équitable au travail est garanti par toutes les Lois sur les droits de la personne, tant au niveau fédéral, qu’aux niveaux de provinces et territoires. L’égalité de traitement et la non-discrimination sont protégées par la Charte canadienne des droits et libertés et par la Loi canadienne sur les droits de la personne.

Adoptée en 1986, la Loi sur l’équité en matière d’emploi avait pour objectif d’éliminer les obstacles systématiques auxquels se heurtent les femmes, les personnes handicapées, les Autochtones et les membres de minorités visibles sur le marché du travail. La Loi recommande aux employeurs de mettre en place des mesures adéquates pour assurer un traitement juste et équitable en matière d’emploi pour tous. Il s’agit de corriger les inégalités systémiques que les quatre groupes désignés ont subies en milieu de travail et de faire en sorte que nul ne se voit plus jamais refuser d’emploi pour des motifs étrangers à sa compétence.

Mais en dépit de cette Loi et des efforts déployés tant au niveau fédéral qu’aux niveaux de provinces et territoires pour combattre cette discrimination en milieu du travail, il y a malheureusement encore beaucoup des personnes qui sont victimes chaque jour de préjugés et stéréotypes et donc ne peuvent avoir la chance d’obtenir un emploi qui correspond à leurs compétences.

fig3-perc-fra

Les minorités visibles et l’accès à l’emploi

D’après le Rapport statistique sur l’équité en matière d’emploi, du Ministère de l’emploi et du développement social Canada, publié en 2014, la disponibilité des membres de minorités visibles était de 17,8 % en 2011. Ils représentaient près de 20 % de la population canadienne. À l’échelle nationale, leur disponibilité au sein de la population active s’élève à 17,8 %. Le rapport note que la plus part d’entre eux occupent un emploi de professionnel ou un emploi spécialisé, intermédiaire ou autre dans la vente et les services. Ils sont moins susceptibles d’occuper un poste de cadre, de travailleur qualifié ou d’artisan, ou un emploi semi-professionnel ou technique que la moyenne canadienne.

En effet, si nous partons de l’hypothèse que l’éducation exerce un effet positif sur les niveaux de revenu et le bien-être économique des citoyens, on pourrait conclure, en se basant sur ce rapport statistique du Ministère de l’emploi et du développement social Canada, que les membres de minorités visibles doivent avoir un niveau de vie élevé, du fait qu’ils ont un niveau de scolarité plus élevé que la moyenne de la population active et qu’ils sont généralement plus jeune.

Mais en réalité, ils font face à beaucoup d’obstacles insidieux, pour ne pas dire la discrimination, qui se heurtent à eux et les empêchent de donner le meilleur d’eux-mêmes et de tirer également profit des efforts consentis sur le banc de l’école dans le but d’améliorer leurs conditions de vie.

29 ans près l’adoption de la Loi sur l’équité en matière d’emploi, il y a eu certes des efforts notamment dans le secteur public, mais pas toujours assez pour refléter la représentation actuelle de la société canadienne. On dénombre encore un taux de chômage beaucoup plus élevé dans la catégorie de minorités visibles, ce qui parfois crée un sentiment de frustration. Ceci dit, il y a manifestement encore beaucoup du travail à faire pour essayer de changer la mentalité de certains employeurs qui ne comprennent pas que la diversité est une richesse pour leurs entreprises.

La discrimination est donc un défi important à relever pour affranchir l’homme de préjugés qu’il entretient vis-à-vis de l’autre. En milieu du travail, nous devons tous nous efforcer de surmonter les facteurs culturels et idéologiques qui sont à l’origine de la discrimination raciale et qui restreignent notre capacité de voir l’autre, pas par rapport à ce qu’il peut, mais par rapport à ce qu’il est. Ces obstacles artificiels et systémiques non seulement n’ont rien avoir avec les compétences de la personne, mais ils l’empêchent de donner le meilleur d’elle-même à sa société d’accueil, mais également de réaliser ses aspirations tant personnelles que professionnelles.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue

Étiquettes
Partagez