Journée mondiale des migrants et des réfugiés : Et les victimes du climat?

16 janvier 2015

Journée mondiale des migrants et des réfugiés : Et les victimes du climat?

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Ce dimanche, 18 janvier 2015, le monde célèbre la 101e Journée mondiale des migrants et des réfugiés, à l’initiative de l’Église catholique. Le thème qui a été retenu cette année est « Église sans frontières, Mère de tous ».

Rappelons que l’initiative d’une « Journée mondiale des migrants et des réfugiés » est née en 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale. Le Pape Benoît XV voulait mettre en place une procédure internationale d’arbitrage pour restaurer le primat du droit sur la force des armes. Il invita alors les évêques à sensibiliser les fidèles catholiques aux besoins des émigrants et à instaurer dans toutes les paroisses une quête annuelle en faveur des œuvres qui les soutiennent.

À l’occasion de la 101e journée mondiale, le Pape François a lancé un appel pathétique qui, non seulement touche les fidèles catholiques, mais aussi toute personne qui a un sens de l’humanité et de bienveillance envers l’autre dans ce qu’il a d’humain — la dignité inhérente à la personne humaine.

En effet, tout individu mérite un respect inconditionnel et indépendamment de sa condition sociale. De toute façon, le fait d’être en situation irrégulière dans un pays autre que le tien ne fait pas perdre à un individu ses droits fondamentaux.

« À  une époque de si vastes migrations, un grand nombre de personnes laissent leur lieu d’origine et entreprennent le voyage risqué de l’espérance avec un bagage plein de désirs et de peurs, à la recherche de conditions de vie plus humaines. Souvent, cependant, ces mouvements migratoires suscitent méfiances et hostilités… avant même qu’on ne connaisse les parcours de vie, de persécution ou de misère des personnes impliquées … Les mouvements migratoires demandent qu’on approfondisse et qu’on renforce les valeurs nécessaires pour garantir la cohabitation harmonieuse entre les personnes et entre les cultures. » Message du Pape François.

Comme en 1914, les migrants fuient la violence, les guerres et conflits armés, la persécution par des régimes totalitaires et non démocratiques dans leurs pays d’origines. Mais il y a aussi ceux qui fuient les conséquences des changements climatiques.

Victimes du climat : migrants ou réfugiés?

Notre terre brûle parce que nous avons accepté d’appliquer la politique de la terre brûlée, par notre inaction à agir sur les causes réelles qui sont à la base du réchauffement climatique.

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Les responsabilités à ce sujet sont connues et documentées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce dernier a démontré dans ses différents rapports que l’intensification du dérèglement climatique due à l’activité humaine et ses effets, notamment à l’augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles est une certitude. Et que, l’inaction aurait des conséquences catastrophiques autant sur le plan humain qu’économique pour le monde entier.

Il est également connu que les répercussions dues au réchauffement climatique n’épargneront aucun territoire sur cette planète terre. Néanmoins, tous les pays ne subissent ou ne subiront pas de la même façon ces répercussions. Les pays riches du Nord peuvent avoir des moyens financiers et technologiques pour du moins atténuer les effets du climat, mais ceux du Sud sont plus vulnérables et n’ont pas les moyens pour faire face à la rigueur du climat.

Nous ne pouvons plus nous voiler la face, à l’allure où progresse le réchauffement climatique, toutes sortes des catastrophes naturelles — montée du niveau des mers, inondations, tempêtes, ouragans, sécheresse — sont prévisibles et peuvent causer d’innombrables maladies et épidémies dues au manque d’eau potable et à la famine.

Il est temps que la communauté internationale se préoccupent sérieusement du sort de migrants climatiques et protéger leurs droits fondamentaux, en agissant ensemble pour trouver des voies et moyens appropriés pour garantir les droits des personnes victimes du climat.

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En novembre prochain aura lieu à Paris en France la 21e conférence des parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques  (CCNUCC), communément appelée (COP21).

Cette conférence est cruciale dans la mesure où les États membres des Nations Unies devront se mettre d’accord pour une solution durable, en adoptant un traité international afin réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les défis du climat sont mondiaux et les solutions également. Les États doivent agir davantage maintenant pour prévenir qu’attendre plus tard pour réagir aux catastrophes naturelles. Ils doivent tous faire des efforts considérables, tant sur le plan financier que sur le plan de connaissances technologiques et leurs transfèrements vers les pays moins nantis.

Mais aussi et surtout de reconnaitre légalement aux victimes des changements climatiques un statut juridique internationalement reconnu. En effet, la situation des migrants ou refugiées climatiques est complexe. Le manque d’une convention internationale spécifique qui reconnaisse légalement la particularité de ces personnes victimes entraîne des conséquences néfastes en termes des droits, notamment les droits économiques, sociaux et culturels.

Migrants, réfugiés ou exilés économiques?

Bien que la mondialisation ait favorisé énormément la mobilité des biens et flux financiers, il reste que celle des personnes, notamment des pays pauvres vers les pays riches est parsemée de beaucoup d’embûches. Les politiques et réglementations en matière d’immigration (contrôles aux frontières, régimes de visa, permis de travail, etc.) de nombreux États riches érigent des barrières difficilement franchissables pour dissuader les migrations illégales. Dans certains pays, la migration est au centre des préoccupations nationales et source d’amalgames dans l’opinion publique.

Malheureusement, devant cette évidence, certaines personnes désespérées recourent à la migration clandestine pour la recherche de la survie, avec toutes les conséquences que cela comporte.

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L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a publié récemment un rapport « Fatal Journeys: Tracking Lives Lost During Migration » sur le nombre des décès de migrants dans le monde, pour la période de 2000 à 2014. Elle note que plus de 40 000 migrants ont trouvé la mort à travers les frontières terrestres et maritimes.

« Des migrants meurent et leur mort peut être évitée… il est temps de faire plus que compter le nombre de victimes. Il est temps d’appeler le monde entier à arrêter cette violence à l’encontre de migrants désespérés. », a déclaré William Lacy Swing, directeur général de l’OIM.

Les États aussi bien d’origine et d’accueil doivent agir ensemble pour rechercher des solutions efficaces et des alternatives possibles pour retenir dans leurs pays ces jeunes gens désespérés qui n’ont d’autres choix que de partir. Mais aussi pour attirer des cadres biens formés qui peuvent constituer une ressource humaine importante pouvant se mettre au service du développement socio-économique de leurs pays d’origine. À vouloir fermer les yeux et se pincer le nez, la réalité finit toujours par nous rattraper.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue

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