Michaëlle jean se dit victime d’un acharnement médiatique

17 juin 2017

Michaëlle jean se dit victime d’un acharnement médiatique

Un sujet a dominé l’actualité de cette semaine au Québec et au Canada francophone, dans les journaux, à la radio et télévision francophones, au point d’éclipser d’autres nouvelles importantes. Il s’agit de la publication des résultats d’une enquête menée par une équipe du Journal de Montréal qui nous a révélé que des montants faramineux auraient été dépensés pour la rénovation de la résidence officielle de la secrétaire générale de la Francophonie à Paris et pour les déplacements officiels du personnel de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

En parcourant tous les commentaires exprimés au sujet de cette fameuse enquête, le tollé général et le brouhaha que cette nouvelle a suscités dans l’opinion publique, cela nous amène à nous interroger sérieusement sur les véritables motivations et intentions, réelles ou supposées, des enquêteurs qui ont publié de tels chiffres, de manière brute, sans jamais prendre la peine de les contextualiser objectivement.

En effet, il nous est difficile de porter un jugement de valeur sur les résultats d’une enquête dont on ne connait pas exactement le but recherché par les auteurs, ni même la méthodologie qui a sous-tendue leurs investigations. Toutefois, il va sans dire que les intentions derrière cette publication étaient de clouer publiquement Michaëlle Jean au pilori de l’infamie.

Michaëlle Jean a été élue secrétaire générale de la Francophonie en novembre 2014, pour un mandat de quatre ans qui finit normalement à la fin de l’année prochaine. L’édifice qui a été rénové par l’OIF, pour son secrétaire générale, appartient au gouvernement du Canada, qui est par ailleurs un membre éminent de cette organisation et apporte une contribution substantielle au budget annuel pour son bon fonctionnement. S’il y a des biens qui ont été achetés avec l’argent de l’OIF, ils appartiennent à l’organisation, non à Michaëlle Jean.

S’il y a des biens qui ont été achetés avec l’argent de l’OIF, ils appartiennent à l’organisation, non à Michaëlle Jean.

En somme, c’est beaucoup de bruit pour rien. L’enquête aurait été plus percutante et embarrassante si elle avait révélé que Michaëlle Jean aurait gonflé les montants de la rénovation d’un édifice du gouvernement du Canada, qui fait office de résidence officielle du secrétaire générale de la Francophonie, pour s’en mettre plein les poches.

Concernant les sommes qui auraient été dépensées pour les voyages officiels, nous ne sommes pas sans savoir que l’OIF est une organisation intergouvernementale qui compte 84 États et gouvernements membres ou observateurs à travers les cinq continents. L’une des missions importantes lui confiées par les gouvernements et États membres est notamment d’accompagner les États dans leurs processus de transition démocratique, de contribuer au renforcement de l’État de droit, au respect des droits de la personne, des libertés d’expression et de la presse dans l’espace francophone.

Nul besoin de rappeler ici que le bilan en matière du respect des principes essentiels de la gouvernance démocratique, dans la grande majorité des États membres de la Francophonie, est très peu reluisant. Et que, cela constitue un défi de taille pour l’OIF qu’il ne sera pas possible de relever qu’en travaillant à la fois avec les États concernés et de concert avec ses partenaires internationaux pour trouver des solutions durables.

La stratégie adoptée par l’OIF pour la promotion de la démocratie dans l’espace francophone consiste, entre autres, à offrir le soutien technique au processus électoral et l’observation des élections dans un certain nombre de pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe centrale et des Caraïbes. Pour cela, elle fait appel aussi bien aux ressources internes et externes de l’organisation pour accompagner les États qui sollicitent son assistance.

Ce n’est donc pas en étant cloîtrés dans leurs bureaux au 19-21 avenue Bosquet à Paris, ni même perchés au sommet de la tour Eiffel que les fonctionnaires et autres experts externes peuvent aider à surveiller les élections dans un État membre. C’est un travail qui nécessite qu’ils descendent régulièrement sur le terrain pour comprendre les réalités, souvent spécifiques à chaque pays, afin de mieux les accompagner.

Toute cette controverse entourant la rénovation de la résidence officielle de la secrétaire générale de la Francophonie, qui ressemble à  un acharnement médiatique, ne sert pas du tout les intérêts du Canada, ni ceux du Québec, qui jouent par ailleurs un rôle prépondérant au sein de cette organisation intergouvernementale.

Lire : Dépenses de l’OIF: Ottawa et Québec ne critiquent pas Michaëlle Jean

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