Un nouveau président à l’Assemblée parlementaire de la Francophonie

11 juillet 2015

Un nouveau président à l’Assemblée parlementaire de la Francophonie

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La 41e session annuelle de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) qui s’est tenue à Berne en Suisse, du 6 au 10 juillet 2015; et dont le thème choisi pour le débat général était : « Encourager l’accès à une formation de qualité pour tous : un défis prioritaire pour la Francophonie », a connu un temps fort, celui de la passation de pouvoir entre l’ancien et le nouveau président.

En effet, le mandat de deux années de la présidence canadienne s’est achevé à l’issue de la 41e session annuelle de l’APF. Le sénateur Paul E. McIntyre a parachevé le mandat qu’avait entamé par sa collègue Andrée Champagne en juillet 2013. Celle-ci avait tiré sa révérence du Sénat en juillet 2014, pour avoir atteint l’âge limite de 75 ans pour siéger à la Chambre haute du Canada.

C’est le président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, Aubin Minaku Ndjalandjoko, qui a pris la relève. Il a été élu par acclamation à la  présidence de l’APF pour deux ans.

Pour rappel, l’APF a été créé en mai 1967 au Grand-duché de Luxembourg, d’abord comme une Association internationale des parlementaires de langue française, puis comme une Assemblée parlementaire de la Francophonie. Elle réunit actuellement des parlementaires de 81 Assemblées issues des cinq continents.

Il est important de mentionner également que l’APF avait joué un rôle important à la création, en 1970, de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), devenue par la suite l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Son statut d’Assemblée consultative de l’OIF « Parlement de la Francophonie » a été confirmé par la Charte de la Francophonie, en son article 2. Elle sert donc de relais entre les instances de l’OIF et les populations francophones; et participe activement à la vie institutionnelle de la Francophone en donnant des avis et recommandations destinés aux chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage.

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Aubin Minaku pourrait-il infléchir sa famille politique?

Le nouveau président de l’APF est à la fois président de l’Assemblée nationale de la RDC, et en même temps secrétaire exécutif de la Majorité présidentielle (MP), une plateforme de partis politiques et personnalités qui appuient les politiques du chef de l’État congolais Joseph Kabila et qui veulent, à tout prix, le voir se représenter pour un troisième mandat.

En janvier 2015, le gouvernement congolais a présenté au parlement un projet de loi portant modification de la loi électorale en vigueur. Celui-ci subordonnait l’organisation des élections au recensement général de la population. Mais nombreux observateurs de la situation politique dans ce pays considéraient certaines dispositions de ce projet de loi comme voulant intentionnellement prolonger de facto, le mandat du président Kabila qui, constitutionnellement, ne devrait plus briguer un troisième mandat.

Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, avait joué un rôle déterminant pour faire passer le vote de cette loi, malgré la vive tension qui prévalait pour exiger la suppression de l’alinéa 3 de l’article 8 de la loi controversée. Il a convoqué une session extraordinaire pour faire voter la loi électorale par les députés de sa Majorité présidentielle, les autres ayant boycotté la plénière.

Le vote de cette loi avait entraîné des manifestations de protestation violente dans les grandes villes du pays pendant trois jours, du 19 au 21 janvier 2015. Il y a eu plusieurs dizaines des morts, selon les ONG des droits de la personne. Finalement, l’Assemblée nationale a fait marche arrière et procédé au retrait pur et simple de ladite disposition de la loi controversée.

 « Étant les élus directs du peuple, nous étions donc dans l’obligation d’écouter le souverain primaire qui nous a élus », avait expliqué le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku.

En effet, si cette disposition de la loi controversée avait été maintenue et adoptée comme telle, dans un pays grand comme un continent, sans infrastructures routières et ferroviaires, le recensement général prendrait plusieurs années avant d’organiser les élections en RDC.

Actuellement, le président Kabila est en consultations avec les acteurs politiques de l’opposition, de la majorité, de la société civile et les chefs des confessions religieuses en vue d’un dialogue politique qu’il envisage d’organiser dans les jours ou mois à venir.

Certains partis de l’opposition ne veulent rien entendre d’un dialogue à 15 mois de la présidentielle et des législatives. Ils estiment que ce dialogue, initié par le président Kabila, est un prétexte de la Majorité présidentielle en vue de prolonger tacitement le mandat du président de la République au-delà du délai constitutionnel, et ainsi retarder inutilement les élections prévues en 2016. D’autres par contre, veulent bien aller au dialogue, mais sous une médiation internationale.

S’il doit avoir lieu, le dialogue en question se focaliserait essentiellement sur des questions électorales, notamment la révision du calendrier électoral qui prévoit plusieurs scrutins – présidentielle, sénatoriales, législatives, provinciales, municipales et locales en RDC – en moins de deux ans et qui devrait coûter pas moins d’un milliard de dollars américains, selon les prévisions de la Céni, pouvoir-organisateur des élections en RDC.

En effet, maintenant que le président Minaku assure la présidence d’une organisation internationale qui se trouve être un lieu par excellence de débats, de propositions et d’échanges d’informations sur les sujets d’intérêt commun de l’espace francophone, notamment la promotion de la démocratie, de l’État de droit et des droits de la personne, conformément à la Charte de la Francophonie, aux Déclarations de Bamako et de Saint-Boniface, nous avons bon espoir que le nouveau président de l’APF sera très attentif aux pratiques de la démocratie et des libertés individuelles dans l’espace francophone, tout prêchant par l’exemple dans ses actions quotidiennes.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue

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