Michaëlle Jean n’a jamais été la représentante du Commonwealth

10 novembre 2014

Michaëlle Jean n’a jamais été la représentante du Commonwealth

images (12)C’est avec beaucoup d’étonnement que j’ai lu l’article rédigé par monsieur Jules Robin, publié dans le journal Contrepoints le mercredi 5 novembre 2014 coiffé du titre : «Michaëlle Jean : une ancienne représentante du Commonwealth à la tête de la Francophonie?»

Cet article contient malheureusement de nombreuses inexactitudes et plusieurs affirmations fallacieuses pour ne pas dire carrément fausses.  Par conséquent, une mise au point s’impose.

Tout d’abord, Michaëlle Jean a été la 27e gouverneure générale et commandante en chef du Canada, et non pas la représentante du Commonwealth, comme l’écrit monsieur Robin dans son article.  Oui, le Canada est membre du Commonwealth (tout comme de la Francophonie), mais cela ne signifie pas pour autant que son gouverneur général est le représentant de tous les États et gouvernements membres de ces deux organisations.  De toute évidence, monsieur Robin semble ne pas avoir une connaissance suffisante des réalités canadiennes et québécoises, encore moins du Commonwealth.

D’autre part, en prétendant que la désignation de Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie « pourrait avoir de nombreuses conséquences néfastes pour l’organisation elle-même mais également pour l’Afrique », l’auteur fait preuve d’une méconnaissance et d’un mépris éhonté non seulement de la candidate, mais aussi de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de l’Afrique.

Au contraire, la désignation de Mme Jean à la tête de l’OIF serait non seulement bénéfique pour l’Organisation mais aussi pour le continent africain.  Elle est la seule candidate dans cette course qui a un accès privilégié aux acteurs clés de la gouvernance mondiale.  De plus, elle est la seule à proposer une vision porteuse et réaliste pour une Francophonie économique qui saura accompagner résolument les pays africains dans leurs efforts de développement.

L’entêtement de l’auteur à vouloir présenter Michaëlle Jean comme la candidate d’un « pays anglophone » et une personne « complètement imprégnée de la culture britannique » laisse encore une fois transparaître une malhonnêteté désarmante.  Soit monsieur Robin fait de l’aveuglement volontaire, soit il ne sait pas que la candidature de Mme Jean a été officiellement présentée non seulement par le Canada, mais aussi par le Nouveau-Brunswick et, plus particulièrement, par le Québec, tous membres de plein droit de l’OIF.

Monsieur Robin devrait à tout le moins savoir que Mme Jean a grandi, étudié et travaillé une grande partie sa vie à Montréal, où elle a baigné dans une culture francophone et non britannique.  Faut-il aussi rappeler à l’auteur que Michaëlle Jean est d’origine haïtienne, un pays avec une histoire intimement liée à celle du continent africain.

Dans son article, l’auteur cite l’ancien premier ministre du Québec, Bernard Landry, pour remettre en question les convictions de Mme Jean pour la défense et le rayonnement de la langue française.  Malheureusement, monsieur Robin oublie de souligner qu’en 2003, c’est ce même Bernard Landry, alors qu’il était premier ministre du Québec, qui a remis à Mme Jean l’insigne de Chevalier de l’Ordre de la Pléiade en reconnaissance de son expression et de son travail en faveur de la langue française.  Cherchez l’erreur.

Qui plus est, l’auteur devrait savoir que le candidat qu’appuie monsieur Landry dans la course au secrétariat général de la Francophonie est issu d’un pays où la langue française n’a pas le statut de langue officielle.

Quant aux questions que soulèvent l’auteur relativement à l’avenir éventuel de l’actuel administrateur de l’OIF, monsieur Robin a tort de laisser entendre que, si Michaëlle Jean était désignée Secrétaire général de la Francophonie, la balance à la tête de l’Organisation « tomberait à la renverse ».  Sur ce point, Mme Jean a été très claire tout au long de sa campagne : elle tient mordicus au principe d’équilibre Nord-Sud à la tête de l’OIF.

Chacun est libre de soutenir le candidat de son choix, mais nous avons tous une responsabilité de débattre honnêtement et de ne pas verser dans la désinformation.

Monsieur Robin peut être en désaccord avec la candidature de Michaëlle Jean, sans pour autant remettre en question la légitimité d’une personne ayant occupé la plus haute fonction de l’État canadien à se porter candidate au poste de Secrétaire général de la Francophonie.

En terminant, je souhaite rappeler à l’auteur que la nomination du futur Secrétaire général de la Francophonie se fera les 29 et 30 novembre prochains, et non pas les 19 et 20, comme ce dernier l’affirme à la fin de son article.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue

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